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grand angle

Gaza. Des empires sous les sables

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Egyptiens, Assyriens, Babyloniens, Perses, Romains, Grecs… Les vestiges antiques abondent dans ce territoire. Une mémoire menacée par la guerre et l’urbanisation.
publié le 22 mars 2011 à 0h00

Les villas regardaient la mer. Luxueuses, elles comptaient pour certaines jusqu'à dix pièces en rez-de-chaussée, réparties autour d'une cour, les murs de fresques, aux couleurs rouges et or très vives, et, signe d'un grand confort, des salles de bains. Caractéristiques du style hellénistique, elles témoignent d'une époque faste. L'endroit s'appelait Anthédon de Palestine, le premier port connu de Gaza, attesté dès le VIe siècle avant J.-C., et qui, au vu des découvertes, devrait être un paradis pour les archéologues. C'est une équipe franco-palestinienne qui, entre 1995 et 2005, a exhumé de sous les dunes ces maisons d'aristocrates, ainsi que d'impressionnants remparts. Aujourd'hui, Anthédon s'appelle Blakhiyah et les vestiges sont désormais invisibles. A Gaza, étroite bande côtière de 40 kilomètres sur 10, où s'entassent 1,6 million de personnes, la pression immobilière est trop forte. En quelques années, les maisons ont grignoté le site et le sable a recouvert le reste.

Capitale des Philistins

Le père Jean-Baptiste Humbert vient d’arriver sur place. Le regard bleu clair toujours en alerte, la cigarette au coin de la lèvre, il codirigeait avec Moain Sadeq, son homologue palestinien, le chantier de fouilles de Blakhiyah. En 1994, avec l’installation de l’Autorité palestinienne peu après les accords israélo-palestiniens d’Oslo, il avait été chargé par le gouvernement français de monter un projet de coopération. Le défi n’était pas pour déplaire à ce père dominicain de 70 ans, membre depuis