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Libération

Destins héroïques

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publié le 3 septembre 2011 à 0h00

Je venais de quitter le mont Lozère, les Cévennes, et je cherchais un coin où loger. Ni trop loin ni trop près de Paris. Avec cheminée. Riquiqui, celle-ci était inopérante dans sa fonction première, mais lorsque la propriétaire me demanda si pour 25 euros de plus je ne voulais pas aussi louer la cabane sur la presqu’île, je dis oui. Non pas pour le logis, inhabitable, mais pour ce bout de terre entre deux bras de rivière où je pouvais m’évader.

En fait de terre, cet îlot d’un demi-hectare est étouffé de sable et de débris de marbre sur 3,50 mètres de haut, scories et rebuts d’une ancienne marbrerie. Les ouvriers y jetaient leurs bouteilles et autres déchets à l’heure du casse-croûte. Le fond de terre d’origine est pourtant vif, car la végétation a repris le dessus. Erables, aulnes et noisetiers sont majoritaires. Aussi, dix bouleaux, quatre hêtres, cinq marronniers, deux merisiers, feu un lilas. Le sol est tapissé de lierre, et la berge, rive droite, accuse les allées et venues des ragondins parmi des bouquets de scolopendre.

A 3,50 mètres de hauteur, au-delà de la rivière large de 4 mètres, je vois un champ de maïs. Les chasseurs l’utilisent l’hiver pour se distraire. Un été, j’ai observé une laie et ses trois marcassins. Depuis, j’y passe faire du bruit le dimanche avant l’arrivée des fusils. Ça leur complique un peu la tâche, mais cela ne facilite pas pour autant celle des sangliers.

Sur cette presqu’île d’apparence tristounette, hantée de moustiques, des vies minuscules, an