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grand angle

Le cerveau, une planète à conquérir

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De chaque côté de l’Atlantique, des scientifiques lancent des programmes d’envergure afin de créer une version numérique de l’organe le plus complexe de l’évolution. Et de faire avancer la médecine.
publié le 13 septembre 2011 à 0h00

Sur le campus, les étudiants l’ont affublé du sobriquet «Frankenstein». Haute stature, visage carré, yeux bleus, Henry Markram, 48 ans, a pour ambition de percer les secrets de l’organe le plus complexe qui soit. Son défi : modéliser le cerveau qui contient cent milliards de neurones interconnectés.

Le chercheur, directeur depuis 2002 du Brain and Mind Institute de l'Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL), présente un visage impénétrable quand il entre dans la salle de conférence ce jour-là. Dans son laboratoire Blue Brain, devenu sous sa tutelle un des plus en pointe dans le monde des neurosciences, ses équipes stimulent, depuis 2005, des tranches de cortex de rat conservé dans des boîtes de culture, afin d'en comprendre le fonctionnement et de le numériser. Mais, à ce rythme-là, une vie humaine ne suffira pas à achever le travail, observe celui pour qui comprendre le fonctionnement du cerveau «est le défi ultime pour l'homme».

D'où son plan de bataille au titre bulldozer, Human Brain Project, HBP. Ce vaste projet, associant douze autres partenaires dans neuf pays (1), a postulé auprès de la Commission européenne pour bénéficier d'un milliard d'euros sur dix ans. Verdict en avril. «C'est une opportunité pour l'Europe de prendre le leadership dans la compréhension du cerveau. C'est aller sur la Lune.»

Au moment où Henry Markram discourait en anglais à Lausanne sur les tenants et aboutissants de son projet de modélisation du cerveau humain, Patrick J. Kennedy p