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Libération
grand angle

Voir la mygale en face

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Alors que s’ouvre, au Muséum, à Paris, une exposition géante sur les araignées, une arachnophobe ordinaire a tenté une expérience de désensibilisation avec l’experte de ces bêtes, Christine Rollard.
publié le 5 octobre 2011 à 0h00

Christine Rollard est venue à ma rencontre dans la cour pavée du 61 de la rue Buffon, une de ces propriétés mélancoliques du Muséum national d'histoire naturelle qui bordent le Jardin des plantes, à Paris. On m'avait dit : «C'est une grande amoureuse des araignées, une naturaliste comme on n'en fait plus. Elle passe sa vie à courir la France et le monde pour les étudier, mais elle est parfaitement normale.» Yeux verts, blouse assortie, cheveux châtains ondoyants, la cinquantaine pimpante en jeans, elle rit d'être un peu speed : «Cette expo sur les araignées, c'est un challenge!» On se comprend : un défi pour elle et pour les 40% d'arachnophobes que compterait la population. Christine Rollard a convaincu le Muséum de consacrer les 1 200 m2 de sa grande manifestation annuelle à un animal dont la seule vue fait fuir la plupart des gens ordinaires, dont moi. Commissaire scientifique de cette exposition qui s'ouvre aujourd'hui, elle parie d'y attirer autant sinon plus de visiteurs que la précédente (480 000 pour les dinosaures). Enfin, elle m'a assuré au téléphone que «si on se défait de ses préjugés sur les araignées, si on apprend à les connaître», on peut regarder en face même une mygale. Et je sais qu'elle en a des mygales, vivantes, dans son labo. Banco.

Je jette un dernier regard sur les arbres dorés par l'été indien, avant de plonger à sa suite dans la pénombre poussiéreuse de l'escalier et du long couloir qui mène à son bureau, au cœur