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Libération
grand angle

Terre des reptiles

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L’île déserte de Golem Grad, en Macédoine, est peuplée de milliers de serpents et de tortues. Un laboratoire à ciel ouvert pour l’équipe de Xavier Bonnet, du CNRS.
publié le 3 novembre 2011 à 0h00

Golem Grad signifie «grande ville» en macédonien. Pour une raison dont les siècles ont effacé la trace, c’est le nom donné à l’unique et minuscule île de 600 mètres de long sur 300 de large plantée au beau milieu du lac Prespa, à la frontière de la Macédoine, de la Grèce et de l’Albanie. Golem Grad est ce qu’il est convenu d’appeler une île déserte, ce qui est vrai au plan de la population humaine : personne n’y habite. En revanche, elle est extrêmement peuplée si l’on prend le temps de compter les reptiles,

occupation qui amène régulièrement Xavier Bonnet et quelques-uns de ses collègues à quitter leur laboratoire CNRS du Centre d’études biologiques de Chizé, dans le paisible écosytème charentais, pour rejoindre, à Golem Grad, des confrères serbes et macédoniens.

Vingt mille serpents et tortues de terre vivent sur cet îlot solitaire de 18 hectares : la densité est un record mondial. Un phénomène faunistique d'un attrait irrésistible pour un biologiste comme Xavier Bonnet, 48 ans, herpétologue, c'est-à-dire spécialiste des reptiles. En juin, il a débarqué à Golem Grad pour y passer une semaine, comme il le fait deux ou trois fois par an depuis quelques années, à la tête d'une équipe de sept chercheurs français, serbes et macédoniens. Libération les a accompagnés, plantant sa tente avec eux afin d'en savoir plus sur la vie curieuse des bêtes de Golem Grad et de ceux qui les observent.

De très rares morsures

Pour atteindre l'île, perdue dans des montagnes