Menu
Libération
Critique

Pouvoir politicien comme un singe

Article réservé aux abonnés
publié le 31 décembre 2011 à 0h00

«Que devient la politique s'il n'y a plus de discours qui dépasse "les promesses qui n'engagent que ceux qui les écoutent" et les "moi, je vais te dire" ? La réponse est simple : on revient à de la politique sans logos[c'est-à-dire sans intelligence, ndlr] ; c'est là qu'il devient intéressant de retrouver les maîtres du genre : les chimpanzés !» Pascal Picq, anthropologue au Collège de France, nous livre avec L'homme est-il un grand singe politique ? un essai sur l'origine naturelle de la politique. Un détour utile, alors que le zoon politikon - l'homme comme «animal politique» - d'Aristote semble bien trop souvent se complaire dans ses origines simiesques au lieu de les dépasser. Voire, souligne Picq, de véhiculer au sein même de nos démocraties «des archaïsmes et des violences» qui «n'ont rien à voir avec celle des singes».

Donc, retour à la politique chez les grands singes actuels, nos cousins génétiques : gorilles, chimpanzés, babouins… Picq propose une promenade intellectuelle des plus stimulantes parmi les observations des éthologues. Mais au-delà des différences, que de similarités ! Dominations, mensonges, alliances, meurtres, partage ou accaparement des ressources alimentaires et des activités sexuelles et reproductrices… La palette est grande de ces activités qui permettent au singe d’obtenir d’un autre singe un comportement qu’il n’aurait pas eu sans cette action «politique».

Une action qui suppose des capacités cognitive