Directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Jacques Repussard fait le point sur les questions posées par l’accident de la centrale de Fukushima Daichi.
Que sait-on aujourd’hui des causes et du déroulement de l’accident ?
Si la cause immédiate de l'accident, la combinaison du séisme et du tsunami, est avérée, leur part respective demeure incertaine. Le tsunami a mis hors-service les générateurs de secours, démarrés après le séisme, et interdit la connexion de ceux acheminés depuis Tokyo. Le rétablissement de l'électricité aurait-il empêché l'accident ? L'IRSN ne le sait pas. Les zones d'ombre concernent aussi les processus de décision. Il semble que le Premier ministre d'alors a imposé à Tepco [l'opérateur du site, ndlr], au prix de la mise en danger du personnel, de ne pas quitter le site, une décision pourtant indispensable pour empêcher une catastrophe bien plus importante.
Est-ce que l’accusation d’avoir retardé l’injection d’eau de mer dans les réacteurs est vérifiée ?
L’IRSN, comme le reste de la communauté internationale du nucléaire, ne le sait pas. Il faudrait disposer des documents qui retracent le processus de décision…
Sauf que les réunions de la cellule de crise n’ont pas fait, semble-t-il, l’objet d’enregistrements…
C’est exact. Le retard mis à s’occuper des piscines de rétention du combustible est assez surprenant. Des piscines non refroidies, avec des combustibles usés et chauds, se vident par évaporation, c’est bien connu. Le risque est la perte de la protection radiologique, qui rend l’approche humaine impossible, puis un feu de zirconium inextinguible. Pourquoi cet oubli ? Probablement le stress des responsables et des équipes. L’action a été réalisée… presque trop tard.
Est-ce que la communauté internationale peut tordre le bras aux autorités japonaises pour accéder à la vérité sur le déroulement de l’accident ?
Les moy