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Libération

Pholcus, fine allure

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publié le 11 mai 2012 à 20h16

Elle vit au ciel, dans un palais de soie invisible, tête en bas, et attend, attend, des mois durant, aux lambris de nos maisons, qu’une proie s’y empêtre les ailes. Cette fée du logis est l’une des rares araignées que les ménagères ne craignent pas. Son corps fluet muni de longues pattes d’échassière se voit dans les recoins du plafond, sous l’évier, dans la salle de bains, l’arachnéenne étant une assoiffée, éprise des lieux humides. Mon logis lui est aubaine, l’eau y perlant toute l’année. L’éphémère tisseuse ne loge qu’en nos habitations, à croire qu’elle n’existait pas avant l’invention du bâti humain. A moins qu’elle ne devienne transparente dans un environnement champêtre. Elle est si fine, qu’il est bien difficile de lui déchiffrer le minois composé de huit yeux, deux paires de trois disposés en triangle, plus deux autres, moitié moindres et situés plus bas. Ils ne lui servent guère à voir au-delà des premières phalanges de ses huit pattes démesurées, lesquelles la font ressembler à ce proche des moustiques, empêtré géant connu sous le nom de Cousin.

Sa préférence pour nos habitats lui cause préjudice car elle y est la victime du plus effroyable des prédateurs, l’aspirateur. On ne saurait trop lui conseiller de choisir une maison où le ménage n’est pas la première préoccupation des habitants.

Avec son allure de général de Gaulle, la Pholcus phalangioide ne s’effarouche pas d’une proie d’aspect redoutable. Qu’un frelon s’emberlificote les voilures, la voici rappliquant du