L'orgasme d'un sanglier durerait trente minutes. Information incertaine. Elle vient de la Toile. D'autres, savoureuses, laissent circonspect. Ainsi : «Un cafard peut vivre neuf jours sans tête, jusqu'à ce qu'il meure de faim» ; «les ours polaires sont sourds» ; «l'huître a le cerveau plus petit que ses yeux» ; «l'étoile de mer n'a pas de cerveau» ; «les moustiques ont des dents». Il est dit aussi que les gens ont davantage peur des araignées que de la mort.
J'étais au lit, rêvant justement de ma mort. Aux rares visiteurs venus s'apitoyer, je disais à propos de cette existence essoufflée : «Putain ! C'était bon !» Cela leur redonnait risettes quand j'entendis mon chat miauler avec insistance. Mon rouquin avait-il faim ? Je me levai et lui disposai une pâtée pour fine gueule. Par correction, il en prit une bouchée puis m'invita à sortir avec lui. Heure bleue tendre, voiles de fée sur les herbages. Nous fîmes quelques pas vers le chêne. Il bondit sur la pyramide de poutres où il aime être brossé et embrassé, tandis que je pissai sur le tapis de feuilles mortes étoilé de fleurs jaunes appelées populages des marais.
Soudain, surgissant d’une herse d’arbustes épineux, noirs comme suie, deux sangliers mâles, du genre jeunes hommes déjà bien couillus, vinrent sous les moustaches de mon mistiroux, «verminer» du groin la terre truffée de glands. Suspendre son jet d’urine se fait alors sans volonté. Mon caressant se retourna vers moi, ses grands yeux d’or semblaient dir