Michel Spiro, président du conseil du Cern, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, commente l’annonce faite hier par les physiciens à Genève et Melbourne.
Qu’est-ce que les physiciens du Cern ont trouvé ?
L'annonce faite en lever de rideau de la conférence mondiale de Melbourne signifie que nous avons bien trouvé le boson de Higgs - plus exactement la particule proposée dans les années 60 par trois physiciens, Robert Brout, François Englert et Peter Higgs. Le doute qui pourrait subsister est bien mince : il y a un risque sur dix millions qu'il puisse s'agir d'une fluctuation statistique ! Il y a dix mois, nous avions un signal de l'apparition de cette particule dans les collisions entre protons du LHC [le Large Hadron Collider, ndlr] et nous l'avions rendu public. Mais ce signal, même si l'indication semblait intéressante et conforme à l'une des prédictions théoriques, était encore compatible avec une simple fluctuation statistique du «bruit de fond». Depuis, le nombre d'événements où apparaît le boson de Higgs a augmenté et, s'il demeure encore une toute petite incertitude par rapport à nos très sévères exigences de preuves, nous sommes vraiment au bord de la découverte. La présenter ou non comme une découverte me semble plus psychologique qu'une véritable incertitude scientifique.
Quelle est donc cette mystérieuse particule, ce boson de Higgs, et pourquoi était-ce si important de la découvrir ?
Cette particule affiche une masse, que nous exprimons en milliards d'électronvolts - car masse et énergie se confondent -, vers 125 giga-electronvolts [GeV]. Nous avons mis longtemps à la découvrir, plus de quaran