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Libération

La fine fleur de l’espace

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publié le 6 juillet 2012 à 19h09

Cette image est d’une modernité sidérante en ce qu’elle tambouille tout ce qu’elle évoque avec tout ce qu’elle suggère.

Ce qu'elle évoque. Quasi à l'identique, les temps pionniers de la conquête spatiale quand, dans les eaux du Pacifique ou les steppes russes, des astronautes américains ou des cosmonautes soviétiques surgissaient de capsules surcramées par la rentrée dans l'atmosphère. Le retour de Youri Gagarine, en avril 1961, l'amerrissage d'Alan Shepard, en mai de la même année. Cinquante et un ans plus tard, le Soviétique et l'Américain pourraient être dans la même photo et la même combinaison de bibendum immaculé que leurs collègues chinois d'aujourd'hui. N'était le détail du nationalisme : dès qu'un pays intègre le club de l'espace, il s'échine à inventer un nom autochtone qui ne soit pas celui des concurrents : en Chinois cosmonaute-spationaute-astronaute se dit taïkonaute, vocable dont on croit sur parole qu'il signifie «homme du cosmos».

Ce que suggère cette photographie prise le 29 juin en Mongolie n’est pas moins un fracas spatio-temporel. Une vaste opération d’édification pour vanter la splendeur du peuple chinois, le génie de ses scientifiques, la beauté de son progrès. Il n’y a même pas de quoi sourire, les Américains et les Soviétiques, en leurs temps, délirèrent dans le même registre. Ce qui est plus touchant, c’est le caractère visiblement improvisé de cette ode photographique au grand bond en avant (de l’espace).

Rien ne va : ni les fauteuils pliants