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Libération
Interview

La bactérie alien de la Nasa était trop sponsorisée pour être vraie

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Des scientifiques viennent de réfuter l’existence d’un micro-organisme à l’ADN radicalement étranger «découvert» en 2010. Le biologiste Philippe Marlière accuse la revue «Science».
publié le 11 juillet 2012 à 20h46

La bactérie «alien» de la Nasa était donc bidon. En décembre 2010, la revue Science provoquait une forte émotion dans les laboratoires de biologie en publiant l'article d'une jeune biologiste, Felisa Wolfe-Simon, qui soutenait avoir découvert une bactérie ayant remplacé le phosphore de son ADN par de l'arsenic.

Annonce révolutionnaire : la nature aurait concocté un organisme radicalement différent de tout le monde vivant connu ! Mais mystère sur la manière dont la bactérie aurait réalisé cet exploit. Du coup, Libération, dès le 3 décembre, appelait à «la plus grande prudence». Et soulignait que l'écho médiatique s'expliquait par l'action de la Nasa, qui avait financé cette recherche dans le cadre de son programme «astrobiologie».

Prudence justifiée, car, hier, la même revue Science a publié deux articles qui infligent une réfutation sévère à cette pseudo-découverte. Deux équipes de biologistes ont, dès l'annonce de 2010, mis sur pied une contre-expérience destinée à prouver que l'annonce était une énorme erreur. Leur démonstration est sans appel, explique Philippe Marlière, biologiste et coauteur de la première bactérie xénobiotique comportant un ADN chimiquement modifié ( Libération du 20 septembre 2011). Il fut victime de cette