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Danse avec le bassin

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[la condition animale 3/6]. Plongée très bisounours à Marineland, où l’homme et le dauphin rivalisent d’intelligence alors que les méchants requins tournent avec les jolis poissons.
publié le 16 juillet 2012 à 19h06

Et il est où, Flipper ? Et Willy ? Et c’est où les dents de la mer ? Et Jean- Marc Barr, on le voit quand ? Et Marion C., elle est dans le bassin des orques avec ses fausses jambes ? Et le petit dauphin qu’avait la nageoire cassée, à qui il a fallu une prothèse, il existe en vrai ? A Antibes, Marineland, c’est un festival du fantôme.

On n'a pas encore mis les pieds au parc d'attractions - car là, pas question trop d'autre chose que l'animal dans sa forme divertissante - que surgissent des réminiscences de films, de livres (et Moby Dick, hein ? Et Jonas dans sa baleine ?) : le dauphin a un bon capital sympathie chez les humains, voire une sacrée réputation d'animal intelligent. Elle est fondée «sur la magie du cinéma, et pas mal de choses fausses aussi, rigole Jon Kershaw, directeur animalier du parc depuis vingt ans. Depuis un demi-siècle, on nous bassine avec le langage du dauphin, mais il n'en a pas, de langage».

Ça part bien, le dauphin est donc juste un animal, mais nombreux sont les humains à penser contact-langage-relation affective, comme en témoignent les sites avec des cœurs partout, des points d'exclamation et de la dégoulination d'amour pour la bête. «Il y a des fans qui viennent tous les jours, connaissent les animaux par leur nom, leurs manies, s'attendrissent devant les bébés, poursuit le dynamique delphino-spécialiste. Surtout des filles, à 90%, qui achètent les posters, les photos…» C'est de l'anthropomorphisme quasi