Poétique : un œil géant, juché au sommet d'une montagne désertique, scrutant les mystères cosmiques. Géopolitique : l'Europe reprend la tête de la course aux armements scientifiques et pacifiques. Comptable : un bon milliard d'euros. Scientifique : «Caractériser les premières étoiles et les premières galaxies» (Jean-Gabriel Cuny, du CNRS). Technophile : waouh ! Petit-princier : dessine-moi un télescope…
Le 11 juin, l'Observatoire européen austral, ESO, a pris la décision responsable de cet unique objet de tant de désirs. Et lancé le chantier de l'E-ELT - European Extremely Large Telescope. Un adjectif certes ambitieux - ce qui s'affiche extrême peut effrayer - mais finalement moins fou que ce hibou qui a hanté les laboratoires d'astrophysique en Europe durant quelques années. L'oiseau à l'excellente vision nocturne se dit owl en anglais, dialecte commun aux scientifiques de toute la planète. D'où - quelle astuce ! - l'acronyme OWL (Over Whelmingly Large) choisi pour qualifier le télescope «irrésistiblement grand» dont ils ont rêvé, doté d'un miroir de 100 mètres de diamètre !
Après quelques années d'études techniques et de discussions budgétaires, le rêve s'est réduit à 39,30 mètres de diamètre. Même ainsi, le géant régnera sans égal lors de sa «première lumière», le joli nom que les astrophysiciens donnent à la mise en service de leurs télescopes.
Archéologues du cosmos
Cette première lumière, prévue pour 2022, sera captée au sommet du Cerro Armazones, dans les An