Alain Gaboriaud, chef de projet des contributions françaises à Mars Science Laboratory, commente depuis Pasadena, en Californie, le rôle et le développement des instruments sortis des laboratoires français.
Comment fonctionnent les appareils ChemCam («Chemistry and Camera») et SAM («Sample Analysis at Mars») ?
ChemCam a deux parties : la partie laser, qui permet de pulvériser la roche, et les spectromètres qui font l’analyse de la lumière. Entre le bleu, l’ultraviolet et jusqu’au proche infrarouge, chaque raie de couleur va correspondre à un élément de la matière. Suivant la longueur d’onde, on va trouver du carbone, du fer, de l’aluminium, du potassium… En France, on a fait le laser avec toute son électronique, installé dans la boîte qui se trouve en haut du mât.
SAM, c'est un gros laboratoire d'analyse d'échantillons, qui fait 40 kg, soit la moitié de la masse totale des instruments sur Curiosity. Il permet de manipuler les échantillons que le bras du rover [robot mobile, ndlr] ramènera en commençant par les cuire. On va obtenir des gaz acheminés vers trois instruments scientifiques, dont un que nous avons fabriqué : le chromatographe en phase gazeuse. Celui-ci sépare les molécules gazeuses et les trie afin de trouver celles qui sont à base de carbone, d'oxygène, d'azote, d'hydrogène… des molécules qui pourraient être à la base de la vie organique.
ChemCam semble donc permettre en quelque sorte d’économiser les mouvements du rover ?
Effectivement, ChemCam peut déjà déterminer à distance un certain nombre de caractéristiques minéralogiques des échantillons pouvant intéresser le laboratoire d’analyses. Si c’est le cas, le rover se déplacera au contact de ces