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Libération
grand angle

Cédric Villani déroule sa bosse des maths

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publié le 6 septembre 2012 à 19h07

Vous sortez du concert des Têtes raides, à Bourgoin-Jallieu. A la sortie du parking, dans la nuit, un autostoppeur. Vos mœurs adoucies par la musique, vous le faites monter. Intrigué par l'araignée de métal qu'il porte, vous l'interrogez : musicien, artiste ? «Mathématicien», répond le lascar. Incrédule, on le teste : «Vous travaillez sur quoi ?» Réponse : «J'ai développé une notion synthétique de courbure de Ricci minorée dans les espaces métriques mesurés complets et localement compacts»…

La scène se trouve page 56 d'un formidable bouquin, Théorème vivant, que tous ceux dont le niveau de maths ne dépasse pas celui de la troisième (mais qui voudraient bien soulever le mystère qui entoure la discipline( peuvent lire. Il nous est offert par Cédric Villani, médaille Fields 2010, passé à la télé et porteur d'araignées métalliques. Certes, il y a des pages avec des formules de maths. Et quelques passages tout aussi abscons que sa réponse aux amateurs des Têtes raides. Ils jouent le rôle d'un décor poétique, impossibles à comprendre, mais c'est sans importance puisque c'est inutile pour jouir de ce livre jubilatoire.

Cédric Villani nous y raconte quelques mois de sa vie de mathématicien, durant lesquels il a élaboré le théorème de Mouhot-Villani. Théorème qui explique en partie sa médaille Fields, celle qui fait rêver les mathématiciens de moins de 40 ans, qu'ils obtiennent tous les quatre ans, par fournées de quatre. Le lecteur est emporté dans