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Libération
TRIBUNE

Les tenants de la précaution jouent sur la peur

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par Daniel Soulez Larivière et Astrid Mignon-Colombet
publié le 27 septembre 2012 à 19h07

L’affaire de l’OGM NK 603 illustre une fois encore la tentation de la société civile de s’approprier par le spectacle (plan média hors normes, photos gros plan sur les tumeurs des rats…) le principe de précaution, habituellement domaine réservé des autorités publiques.

Alors que le législateur exploite déjà la peur pour légiférer (1), la société civile franchit un nouveau pas avec la publication dans plusieurs journaux, livres, émissions de télévision, d'une étude conduite par Gilles-Eric Séralini, chercheur et professeur à l'université de Caen, qui suggère un lien entre la consommation du maïs NK 603 de la société Monsanto et l'apparition de tumeurs chez le rat. Par la force d'une seule étude, la société civile transforme le principe de précaution en arme de destruction massive des circuits habituels de décisions en France et en Europe. Et cela marche, si l'on en croit les premières déclarations du chef du gouvernement : «Si les résultats (de cette étude) sont concluants, le ministre de l'Agriculture défendra au niveau européen l'interdiction de ces OGM.» Une seule étude mobilise un pays auprès des instances européennes avec des annonces d'interdiction du maïs NK 603 sans évaluation préalable des risques, sans analyse comparative entre l'action des OGM et celle des pesticides, sans analyse économique, sans choix d'une solution réversible…

A-t-on oublié qu’avant d’interdire ou de suspendre, le principe de précaution imposait le respect d’une temporalité et d’une procé