Elles sont trois : Martine, Sophie et Pénélope (1). Dans un sous-sol de l’Institut de génétique moléculaire de Montpellier (IGMM, CNRS universités Montpellier-I et II), elles racontent des histoires dignes des pratiques de patrons de PME contournant la loi et le code du travail.
Martine, 28 ans, est ingénieure d'étude dans cet institut de biologie fondamentale et de biomédecine depuis 2008. Elle travaille sur une plate-forme de «peignage moléculaire de l'ADN». En cinq ans, elle a signé treize CDD. Le dernier se termine en février prochain. Après ? Virée. La reconduction serait impossible puisque la loi Sauvadet, votée en mars dernier pour résorber la précarité dans la fonction publique, oblige à transformer en CDI une telle suite de CDD. Or, de CDI, il n'y a point.
Sophie, ingénieure d'étude à l'IGMM depuis décembre 2007, aligne quatre CDD pour ce poste où elle s'occupe de thérapie génique pour des maladies du système nerveux. Le dernier se termine en mars prochain. «Et ça sent le roussi pour moi, lâche-t-elle, écœurée. Pourtant, l'équipe a l'argent pour me payer, avec des contrats, mais la direction du CNRS refuse, par crainte d'être obligée de me cédéiser.»
Pénélope, ingénieure d'étude depuis 2007, travaille sur les cellules souches hématopoïétiques. Quatrième CDD en cours. «Plus on a acquis de compétences, plus on a prouvé qu'on était la bonne personne pour assurer la bonne marche des équipements… Et plus on se rapproche de la porte.» Pis