La science passe-t-elle à l’état «Super Big» ? L’expression est moche, mais qu’inventer comme néologisme pour décrire ce qui se passe dans nos laboratoires, alors que, dans les années 70, les premières critiques de la technoscience dénonçaient la «Big Science» ? Que diraient ces mêmes contempteurs au regard des derniers développements du monde scientifique ? Au début des années 80, note Jonathan Adams (1), on comptait sur les doigts d’une main les articles scientifiques à plus de cent auteurs. L’an dernier, 120 articles de physique portaient plus de 1 000 signatures. Et 44 articles plus de 3 000 !
Ces articles exposent les résultats expérimentaux de programmes et d'équipements scientifiques dont la taille a dépassé les accélérateurs de particules des années 70, archétypes de la Big Science de l'époque. On les trouve dans tous les domaines, même si les équipes du Cern (où le boson de Higgs vient d'être découvert) tiennent toujours le haut du classement par nombre d'auteurs. Ecologie, biologie, astrophysique, géosciences… Presque toute la recherche est concernée. Ainsi, ne relève-t-on pas moins de 442 signatures de biologistes en bas des articles du programme Encode, qui explore la complexité de l'ADN (2) et veut décrire les multitudes d'interactions de ce monde mouvant.
Pour ces grands groupes, mais également pour les petites équipes, la collaboration par-delà les frontières est dés