Néandertal, sur la fin, se fit homme raffiné. Une sorte de chant du cygne. Et c'est en se frottant à ses cousins Cro-Magnon qu'il acquit ce surcroît de culture le conduisant à fabriquer des artefacts d'os, des sagaies légères et des ornements corporels jusqu'alors inconnus dans ses grottes et campements. Cependant, nulle volonté de transfert de technologies sur mode de coopération Nord-Sud là-dedans, assène le préhistorien Jean-Jacques Hublin, «c'est bien l'homme moderne qui est responsable de l'extinction de Néandertal».
A la tête d’une équipe internationale de huit chercheurs, Hublin vient de publier (1) un article qui porte sur une question centrale de la préhistoire. Comment, il y a environ 40 000 ans, les populations néandertaliennes d’Europe ont-elles été remplacées, au plus tard il y a 35 000 ans, par l’homme anatomiquement moderne ? Ce dernier, originaire d’Afrique, a en effet supplanté, partout dans le monde où elles préexistaient, des populations humaines.
De la brute épaisse, au gentil écolo
Ce remplacement est au cœur de polémiques anciennes et virulentes entre préhistoriens qui s'affrontent sur les raisons qui peuvent l'expliquer : guerres, climat, submersion démographique par Cro-Magnon ? Autant d'hypothèses soutenues avec des raisonnements pour le moins faibles ou des «preuves empiriques» bien maigrelettes, souligne Hublin. Ces débats ont eu de vifs échos bien au-delà des laboratoires, repris dans des productions culturelles - livres (2), films de fiction, conférences - q