Peut-on condamner à la prison des sismologues pour n'avoir pas prédit un séisme ? Oui, viennent de répondre des juges italiens, avec le procès du séisme de L'Aquila, survenu dans les Abruzzes en avril 2009. La première réaction est de s'indigner, puisque «les séismes sont imprévisibles», souligne Louis Géli, géophysicien à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, auteur d'Un crapaud peut-il détecter un séisme, où il retrace l'histoire de la prévention des risques sismiques et de tsunamis.
Si l'on veut tirer les enseignements de cette terrible catastrophe, cette réaction doit s'accompagner d'une réflexion plus approfondie, réclame pourtant Géli, pour qui «la tragédie de L'Aquila devrait bouleverser notre façon d'appréhender et de gérer le risque sismique». Le cas de L'Aquila est ainsi résumé par Géli : «Depuis janvier 2009, la zone était secouée par des séismes de très faible magnitude. Le 30 mars, un séisme de magnitude 4 sème la panique. Le maire transfère les enfants des écoles dans des bâtiments plus sûrs. Le 31, la protection civile rassure la population, tandis qu'un géochimiste rapporte des concentrations anormales de radon. Le 5 avril, deux secousses de magnitude 4. Dans la nuit du 5 au 6, un séisme de magnitude 6,2 met à bas des constructions et tue. Il n'existe aujourd'hui aucune théorie validée qui aurait permis d'annoncer qu'un séisme allait se produire ou, à l'inverse, ne pas se produire.»
Ce qui est reproc