Mais qu’allions-nous faire dans cette galère ? s’interrogent désormais de nombreux chercheurs. La galère, c’est l’expertise. Celle des risques comme des bénéfices engendrés par l’envahissante technoscience. Cette expertise, la société l’exige. Elle veut décider en connaissance de cause. La société ? Les gouvernements, les élus, les partis politiques, les entreprises, les ONG et les citoyens.
Les sujets ne manquent pas. L’énergie, la santé publique, les innovations sorties des labos - plantes génétiquement modifiées, nanotechnologies, médicaments, téléphones portables, etc. -, comme des technologies matures, voire antiques, tels le nucléaire ou l’alimentation d’herbivores en farines animales. Bien sûr, on peut économiser l’expertise et se passer de toute technologie. Ou décider au pifomètre. Ces solutions sont peu soutenues. Reste le recours à la science et donc aux scientifiques, au moins pour le volet technique des dossiers, les considérations économiques, sociales ou morales n’étant pas de leur ressort.
La revue Hermès, de l'Institut des sciences de la communication du CNRS, consacre son numéro 64 aux tribulations des chercheurs dans la galère de l'expertise. Ils souffrent. Et pas seulement du caractère «chronophage» (Yves Dessaux) des expertises. Malgré la mise en ordre des expertises collectives et collégiales, inaugurées par Philippe Lazar à l'Inserm (recherche médicale) en 1993 afin de sortir de l'impasse de l'expert solitaire, le doute demeure sur la l