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Libération
Critique

Nucléaire : le gendarme raconté de l’intérieur

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publié le 20 décembre 2012 à 19h06

Le livre semble destiné à un rangement sur étagère. Un titre plat: Une longue marche vers l'indépendance et la transparence. Coédité par La Documentation française, il promet l'austérité langagière. Coédité par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il menace d'un plaidoyer pro domo. Ecrit de sucroît par Philippe de Saint Raymond, un X-Mines, du sérail nucléaire. On se lance donc avec réticence. Puis on va au bout.

L’opposant à l’électro-nucléaire n’y trouvera pas son miel. Le lecteur soucieux de comprendre comment l’Etat a, d’abord très mal, puis de mieux en mieux, contrôlé cette activité à risque, y dénichera un exposé fort clair. Qu’il ne présente que par litotes les mauvaises pratiques des nucléocrates et des autorités politiques fait sourire. L’intérêt du livre réside dans la description, de l’intérieur, de la manière dont des fonctionnaires et des ingénieurs soucieux de service public ont tenté d’encadrer les activités nucléaires d’un filet de surveillance et de contrôle apte à en éviter le dérapage fatal.

L'auteur raconte cette histoire, des leucémies qui ont ravagé les radiologistes à l'ASN, Autorité administrative indépendante instituée par la loi de 2006 contre laquelle seuls les députés écologistes ont voté. Les improvisations du début. L'accident de Three Miles Island qui permet de pointer «des arguments à la limite de la bonne foi» du ministre André Giraud. La catastrophe de Tchernobyl, qui fournit à l'auteur matière à dresser un portrait