Le destin de l'Univers va-t-il être dominé par le côté obscur ? Oubliez Dark Vador, la question ne vient pas du cinéma, mais des laboratoires d'astrophysique. Où l'on se demande si ce côté obscur ne va pas entraîner l'Univers dans une expansion accélérée, diluant sa matière dans un espace de plus en plus vide. «Une question majeure, susceptible de révolutionner la physique et notre vision du monde», affirme sans hésiter Yannick Mellier, dans son bureau spartiate de l'Institut d'astrophysique de Paris (CNRS).
Cette interrogation semble pure spéculation théorique. A traiter dans un cénacle de forts en maths, à coups d'équations tracées au tableau… Bref, de la science prestigieuse, mais bon marché. Erreur. La preuve ? Euclid (1). C'est le nom - hommage au mathématicien grec Euclide - d'un télescope qui doit s'élancer en 2020 de l'astroport de Kourou, en Guyane, à bord d'une fusée russe Soyouz. Le coût total de la mission - avec les salaires d'environ 900 astrophysiciens, ingénieurs et techniciens de cent laboratoires - avoisine le milliard d'euros, dont les deux tiers pour l'Agence spatiale européenne. Certes, à dépenser d'ici à 2028, fin prévue du programme de recherche. Mais, souligne Yannick Mellier, le responsable scientifique d'Euclid, un tel effort ne se justifie que par «la certitude que nous aurons une réponse à la question posée et qu'elle en vaut le prix».
La géométrie de l’Univers serait plate
La question prend naissance en 1998. Des astrophysiciens découvrent, stupéfaits, que la lumière d