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Interview

«Les risques des radiations sont fonction de facteurs individuels»

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La radioprotection se fonde sur des normes fixées pour tous. Pourtant, une part minoritaire de la population est plus sensible aux effets sanitaires de la radioactivité. Radiobiologiste à l’Inserm, Nicolas Foray évoque le défi qui se présente aux spécialistes.
publié le 7 février 2013 à 19h06

Quels risques sanitaires représentent les faibles doses de radioactivité ? Cette question, qui se posait déjà après l’accident nucléaire de Tchernobyl, est à nouveau d’actualité suite à Fukushima. Les spécialistes en radioprotection s’inquiètent, par ailleurs, de l’usage croissant des rayonnements ionisants pour l’imagerie médicale.

Or, l'action biologique des faibles doses de radioactivité, au-dessous de 100 millisieverts (mSv), demeure un défi auquel s'attaquent les chercheurs de Melodi (Multidisciplinary European Low Dose Initiative), un programme salué par la revue Nature (1). La question d'un «seuil» en dessous duquel la radioactivité serait inoffensive reste ouverte. L'hypothèse est logique, mais sa démonstration quasi impossible.

Par précaution, les normes de radioprotection extrapolent aux faibles doses des risques connus aux doses plus fortes. Elles imposent aujourd’hui d’éviter l’exposition des travailleurs du nucléaire à plus de 20 mSv par an. Pour le public, la dose d’1 mSv par an due aux activités industrielles est retenue. C’est souvent inférieur à la radioactivité naturelle - d’un peu moins de 0,5 jusqu’à plus de 70 mSv par an dans certains lieux, et aux doses médicales - entre 8 et 20 mSv instantanés pour un scanner de corps entier.

Surtout, un concept né avec la radiobiologie revient : la radiosensibilité individuelle. Cette réaction différente d'un individu à l'autre à des doses identiques a été oubliée au profit de normes collectives de radioprotecti