Sarah Dewonck se penche, éclaire le long trou horizontal, de 70 cm de diamètre, percé dans la roche argileuse. Il est garni d'un «chemisage», un tube en acier formé de segments ajustés. Mais la lumière ne permet pas de distinguer le fond. Trop loin, à «cent mètres», précise l'ingénieure. Cette longue «alvéole» préfigure le coffre-fort géologique où devraient être enfouis, pour les siècles des siècles, les déchets les plus radioactifs forgés dans les réacteurs nucléaires d'EDF. Aujourd'hui, ces atomes radioactifs (1), extraits des combustibles usés, sont vitrifiés et entreposés à l'usine de la Hague dans le Cotentin. Ils ne la quitteront pas avant 2070, selon le calendrier actuel, pour prendre la direction du sous-sol. S'y ajouteront des déchets beaucoup moins radioactifs, comme les galettes comprimées des gaines métalliques du combustible nucléaire.
Si la campagne, au-dessus du laboratoire souterrain de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), est couverte de neige, la température est douce dans cette galerie expérimentale. Logique, nous sommes à 500 mètres sous terre, dans une couche d’argile de 120 mètres d’épaisseur - baptisée Callovo-Oxfordien - formée il y a plus de cent cinquante millions d’années. Ici, à Bure (Meuse), géologues et ingénieurs s’affairent à vérifier, depuis 2004, que rien ne vient contredire le postulat initial. Celui-ci stipule, sur la base de savoirs académiques, que cette couche géologique peut con