Au CNRS est née la mission «sciences citoyennes», animée par le biologiste Marc Lipinski. Et avant même sa première réalisation, la voilà accusée de vouloir introduire une «version postmoderne de la science prolétarienne» par une déclaration sur Mediapart de l'Association française pour l'information scientifique (Afis). Une accusation violente qui s'appuie sur l'action politique de Lipinski, élu (EE-LV) au conseil régional d'Ile-de-France. Cette décision mérite plutôt un débat de qualité.
La «bonne» interaction entre sciences et citoyens, selon la déclaration tonitruante de l'Afis, devrait se limiter aux actions d'éducation, ou de fourniture d'observations naturalistes par des citoyens réduits à une position secondaire d'élèves ou de techniciens de laboratoire. Cela suffit-il ? Une telle mission comporte-t-elle le risque de voir se développer une simili-science, sur le modèle de l'Alterscience (Odile Jacob, 2013) justement dénoncée par Alexandre Moatti ?
Les objectifs officiels de cette mission en sont, bien sûr, éloignés. Elle doit «positionner l'institution CNRS sur la problématique du dialogue et des modalités de partenariat entre le monde de la recherche et la société civile non marchande», explique l'Institut des sciences de la communication du CNRS. Il ne s'agit donc pas vraiment de soumettre la physique, la chimie ou la biologie, voire la sociologie ou l'histoire, à un diktat jdanovien ou à une dérive lyssenkienne.
Toutefois, le risque d’une