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Libération

L’entrée en sel de la mer Noire

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L’histoire de cet ancien lac, dont le niveau fait le yo-yo, ressurgit des fonds marins après quinze ans d’enquête autour du Bosphore.

Publié le 11/04/2013 à 20h31

Il y a 8 000 ans, la mer Noire s’est remplie d’eau salée. Venu de la mer de Marmara, via le Bosphore, un déversement catastrophique en aurait remonté le niveau, inondant de vastes plaines en quelques années. De cet événement spectaculaire proviennent deux récits mythiques : l’épopée de Gilgamesh et le déluge biblique. Voire la marche à l’Ouest des premiers paysans des rives de la mer Noire à la Bretagne.

Cette «théorie», liant bouleversements géographiques et histoire des hommes, fut proposée par deux géologues américains, Bill Ryan et Walt Pitman, en 1997. Fort belle histoire, reprise par de nombreuses gazettes, dont Libération. Mais histoire restant à prouver, comme le montre dès 1998 une mission du Suroît, un navire de l'Institut français de recherches pour l'exploitation de la mer (Ifremer), dirigée par le géologue Gilles Lericolais (1). Les indices géologiques avancés par Ryan et Pitman ne permettaient pas de considérer le dossier scientifique clos. D'où quinze années de polémiques entre équipes russes, turques, françaises, canadiennes et américaines. Et de multiples missions de chaque côté du Bosphore, à la recherche de preuves.

Parmi les plus actifs, Edouard Bard, professeur au Collège de France, et Gilles Lericolais. Le 8 avril, leur ancien thésard commun, Guillaume Soulet, publiait en premier auteur un article dans la revue de l'Académie des sciences américaine (2) sur l'histoire mouvementée de la mer Noire de