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Critique

La leçon du boson

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publié le 9 mai 2013 à 19h06

Dès 1936, Albert Einstein avertissait. Relier les deux théories fondamentales de la physique - la relativité générale et la mécanique quantique - allait hisser les «complications» auxquelles se heurtent les physiciens «jusqu'à la hauteur du ciel». Gilles Cohen-Tannoudji et Michel Spiro soulignent cette alerte à la fin de leur ouvrage qui présente de manière rigoureuse les défis de la physique des deux infinis - grand et petit - à l'orée du XXIe siècle. Et surtout après la découverte du boson de Brout-Englert-Higgs (BEH), par le LHC (Large Hadron Collider) annoncée en juillet.

Cette découverte, plus d’un milliard d’êtres humains en ont eu connaissance par la presse et le Web mondial. Un chiffre fascinant et intriguant. Qu’est-ce que ce milliard d’individus a retenu, compris, de cette avancée scientifique réalisée avec un accélérateur de particules unique au monde, construit au Laboratoire européen de physique des particules (Cern) sous la frontière franco-suisse ?

Cette interrogation entre en résonance avec une autre citation de l'ouvrage, celle du philosophe Ferdinand Gonseth, qui écrivait en 1946 : «Dans chaque esprit, comme un élément nécessaire à son équilibre, se trouve comprise une hypothèse cosmogonique.» Michel Spiro et Gilles Cohen-Tannoudji nous apprennent comment cette hypothèse, longtemps limitée à un récit d'origine religieuse, a pris la figure d'un programme de recherche «scientifiquement bien posé». Non pas la questi