Menu
Libération
Interview

Michel Wieviorka : «Mettre le numérique au service des humanités»

Article réservé aux abonnés
Sociologue et directeur de la Fondation Maison des sciences de l’homme, Michel Wieviorka retrace les moments forts de l’institution, ses figures déclinantes ou montantes, de l’intellectuel sartrien à l’expert des plateaux télé, et prône une approche globale de la recherche enrichie par les nouvelles technologies.
Michel Wieviorka (Photo Olivier Roller pour Libération)
publié le 10 mai 2013 à 19h07

Le sociologue Michel Wieviorka, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (l'EHESS), est à la tête de la Fondation Maison des sciences de l'homme depuis 2009. A la veille d'un colloque international «Penser global» marquant les 50 ans de l'institution, et le lancement de la revue Socio, Libération l'a interrogé sur l'état des sciences sociales et sur la figure de l'intellectuel aujourd'hui.

A l’occasion des 50 ans de la fondation, vous signez un manifeste pour les sciences sociales. C’est leur grand retour ?

Nous entrons dans une nouvelle époque. Les modes d’approche classique sont affaiblis, tout a changé pour les sciences sociales. Elles étaient occidentales, voire impériales. Elles sont devenues mondiales et internationales. Des chercheurs produisent des connaissances dans nombre de pays, en dehors des pays fondateurs - France, Allemagne et Angleterre, Etats-Unis et Canada et, plus tardivement, l’Amérique latine.

Aujourd'hui en Chine, en Inde, à Singapour, des centres de recherche travaillent à haut niveau, sur des modes différents. Les uns s'alignent sur les sciences sociales de type américaines, ce qui n'est pas très intéressant. D'autres s'enferment sur leur culture et leur nation. On eut ainsi la mode de «l'asiatisme», ou bien l'idée qu'un chercheur chinois mène des recherches avec des paradigmes exclusivement chinois. D'autres encore articulent la participation à la raison universelle avec la mise en avant d'un passé propre. Dans notre revue Socio, un chercheur indien, Rajeev Bhargava, analyse cette question dans un texte doux amer. I