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Globules à gogo

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Aujourd’hui se déroule la dixième journée mondiale des donneurs de sang. Si l’on n’imagine pas de se passer de leurs dons vitaux, la recherche de substituts, fabriqués en laboratoire, avance à grands pas.
par Anne Perette-Ficaja
publié le 13 juin 2013 à 19h06

«Aujourd'hui, on passe de la paillasse au prototype. Demain, du prototype à la production industrielle.» Luc Douay, professeur à l'université Pierre et Marie-Curie, résume ainsi dix ans de travaux sur la fabrication de globules rouges. A l'origine d'une première mondiale made in France, cet hématologue de l'hôpital Saint-Antoine à Paris a montré, en 2011, que l'on peut produire artificiellement des globules rouges - l'un des composants sanguins, transporteur vital de l'oxygène dans le sang -, puis les injecter à l'homme avec succès (1).

Signaux chimiques

Le cap à franchir est technologique. Le bioréacteur - véritable «usine à globules» - qui doit voir le jour dans les quatre ans qui viennent permettra de lancer les essais cliniques avant production à grande échelle. Luc Douay a récemment obtenu les financements nécessaires - Etablissement français du sang (EFS), soutien à l’innovation, associations caritatives - et mène une étude de coût pour évaluer les aspects financiers du projet. En laboratoire, entre 2000 et 2005, l’équipe qu’il dirige a produit des globules rouges à partir de cellules souches prélevées dans la moelle osseuse, le sang et surtout le cordon ombilical, riche réservoir de la précieuse matière première. Le défi ? Mettre ces cellules en culture et en contrôler la prolifération grâce à des facteurs de croissance et un milieu favorable (plasma, nutriments…). Restait alors à leur envoyer des signaux chimiques pour qu’elles se différencient et deviennent des globules rouge