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TRIBUNE

Virtualiser le toucher ou le dernier défi techno

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par Joël Chevrier, Professeur de physique, université Joseph-Fourier, Grenoble
publié le 19 août 2013 à 19h06

Nous avons cinq sens et un smartphone. Nous regardons ce dernier et nous l'écoutons. Beaucoup. Son écran devient tactile et nous le touchons. Mais finalement, jusqu'à maintenant, nous touchons l'écran et pas vraiment le virtuel. Lors du choix d'un vêtement sur Internet, on peut choisir le modèle, la taille et la couleur. Pas la texture. Votre connaissance du mélange utilisé devra palier l'impossibilité de toucher ce vêtement à distance. Pour la technologie, aujourd'hui, c'est un enjeu majeur : comment toucher les objets visualisés sur l'écran. Prendre le contrôle du toucher est bien un défi mais on dirait que ça résiste. Parmi bien d'autres, citons l'entreprise Senseg en Finlande dont cette question est le projet d'entreprise. Elle se félicite sur son site d'avoir été retenue parmi les 50 inventions marquantes fin 2011 par Time Magazine.

Le cœur de cette innovation consiste à leurrer notre sens du toucher en utilisant l’interaction électrostatique pour activer nos mécanorécepteurs sous la peau. Il s’agit de déployer des efforts importants à la mesure des applications et des usages tant le toucher occupe une place importante dans nos vies. Imaginons toucher à distance une main.

Bien des aspects singularisent le toucher parmi nos sens. L'art le souligne. Les musées offrent à notre vue mais on est prié de ne pas toucher. Les restaurateurs et les parfumeurs ravissent notre goût et notre odorat. Y a-t-il un art spécifiquement lié au toucher avec des œuvres comparables à la