Au sud de la baie du Mont-Saint-Michel, dans le vert paysage du bocage breton, Olivier Plantard étend un drap blanc dans un champ. Nul pique-nique en vue, même si le soleil d'été à Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine) s'y prête volontiers. Le chercheur est en chasse : il traque les tiques. A l'affût au bout des brins d'herbe, guettant le passage d'un hôte dont ils aspireront le sang, les acariens s'accrochent au drap au fur et à mesure que celui-ci frôle la végétation. «La récolte permet d'estimer leur densité, puis, une fois au laboratoire, de les identifier grâce à leur ADN et d'évaluer leur taux d'infection», explique le biologiste (Inra, Nantes).
La tique est le vecteur de bactéries pathogènes, dont la Borrelia Burgdorferi, qui donne la maladie de Lyme. Si elle n'est pas traitée rapidement par antibiotiques, elle peut entraîner des manifestations neurologiques, rhumatologiques ou encore cardiaques. Or cette maladie ne cesse de progresser en France, avec 12 000 à 15 000 cas par an. Aux Etats-Unis, elle a explosé, jusqu'à devenir la maladie infectieuse la plus fréquente après le sida. La tique peut aussi contaminer les bovins.
Science et action publique
Depuis mai 2012, Olivier Plantard cherche à comprendre le rôle du paysage dans l'épidémiologie de ces maladies. Aux Etats-Unis, la maladie de Lyme s'est développée à la faveur de la fragmentation du couvert forestier provoquée par le réchauffement climatique et la déforestation. Comme les gros mammifères (cerfs, opossums) fuient les