Cet été, les scientifiques ont parlé sexe. En tout bien tout honneur, dans leurs labos. Discussions alimentées par deux publications austères, lardées de chiffres et de formules mathématiques, et semblant se contredire. La première semblant apporter, enfin, une explication au mystère de la supériorité écrasante de la reproduction sexuée sur la reproduction sans sexe au cours de l’évolution. Et la deuxième prouvant, à l’inverse, qu’une famille de petites bestioles se porte très bien depuis des millions d’années, donnant naissance à de nouvelles espèces sans sexe du tout.
Exercice de calcul mental
«Pourquoi le sexe ? lance Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, initiateur de la recherche publiée en juin dernier (1). La réponse semble évidente, il permet la production de diversité, à chaque mélange des gamètes. Et cette diversité serait l'arme absolue pour survivre à long terme dans un environnement qui change, du moins à l'échelle des espèces et de leurs descendances sinon des individus.»
Evidente, dans les labos de biologie comme pour le public, sauf que les évolutionnistes ont bien du mal à démontrer cette évidence. Surtout depuis que Maynard Smith, un penseur de l'évolution, a montré il y a quarante ans que la reproduction sans sexe est en moyenne deux fois moins coûteuse pour la femelle. «Et encore, c'est une sous-estimation, assène Gouyon par un petit exercice de calcul mental. Si, dans une population humaine théorique, chaque femme fa