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Libération
Reportage

Le peuple du synchrotron

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Près de 3 000 scientifiques viennent chaque année utiliser le centre de recherche Soleil, à Saclay. Biologistes, physiciens, chimistes et archéologues soumettent à ses rayons X matériaux, protéines et os fossiles pour en percer les secrets moléculaires.
publié le 12 septembre 2013 à 18h06

Sur l'écran de contrôle, en trois secondes une barre se remplit de vert. Nul téléchargement sur Internet, mais le signal visuel d'une action du pilote automatique de Soleil (1), le synchrotron national installé sur le plateau de Saclay (à 25 kilomètres au sud de Paris). Toutes les quelques minutes, «il injecte environ 1012 électrons, sourit Amor Nadji, directeur de l'accélérateur, dans l'anneau de stockage de 354 mètres, où ils tournent presque à la vitesse de la lumière». L'opération n'attire même plus le regard du pilote de quart, plongé dans une discussion technique.

Nadji se réjouit du caractère routinier de la manœuvre, pourtant le nec plus ultra du pilotage de ce type de machine. Elle permet de maintenir constant le courant d’électrons accélérés qui produisent un rayonnement dit «synchrotron», à chaque virage, comme un pneu qui crisse. Un rayonnement composé notamment de photons X, ce qui a attiré autour des premiers accélérateurs, conçus pour étudier les électrons, des scientifiques avides de rayons X puissants pour étudier la matière.

Devant le succès croissant de cette technique, des accélérateurs d’électrons ont été construits uniquement pour récupérer les photons ainsi produits. Avec l’objectif d’offrir à des milliers de scientifiques de toutes disciplines les photons qui révéleront l’intimité des amours moléculaires, les détails atomiques d’un composant électronique, ou la structure en 3D d’une protéine.

Pour obtenir les divers types de