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Libé des géographes

Fin d’un mythe : la Grande Muraille s’est perdue dans l’espace

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Vue de la muraille de Chine via Google Earth, à 1000 mètres d'altitude. (DR)
par Martine Tabeaud, Universités Paris-I et Paris-IV et Alexis Metzger, Doctorant à Paris-I
publié le 3 octobre 2013 à 20h06

«Le mur d'Hadrien n'est dépassé que par la muraille de Chine, qui dessine une formidable figure sur le globe terrestre, et pourrait bien être visible depuis la Lune.»

William Stukeley antiquaire anglais du XVIIIe siècle

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C'est une idée reçue qui a la vie dure : la muraille de Chine serait le seul monument du globe terrestre visible depuis la Lune. On la doit à un antiquaire anglais du XVIIIe siècle, William Stukeley, qui imagine la chose dans une lettre : «Le mur d'Hadrien n'est dépassé que par la muraille de Chine, qui dessine une formidable figure sur le globe terrestre, et pourrait bien être visible depuis la Lune.»

Aussitôt reprise dans les siècles suivants par de nombreux auteurs, l'idée devient mythe et la presse s'en empare. Le journaliste anglais Henry Norman écrit en 1895 dans un livre sur l'Extrême-Orient que la Grande Muraille a toujours été considérée comme la seule construction humaine visible depuis la Lune. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la conquête de l'espace est l'occasion rêvée de confirmer (ou non) la chose. En 1969, la question est ainsi posée aux astronautes de la mission Apollo XI, les premiers à avoir mis le pied sur le satellite. Neil Armstrong a toujours dit n'avoir jamais pu identifier la muraille de Chine de là-haut mais les astronautes Eugene Cernan et Ed Lu, eux, affirment avoir vu la Grande Muraille depuis l'espace, mais à 160, voire 320 kilomètres de la T