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Analyse

Bévues scientifiques en libre accès

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Pour dénoncer le fonctionnement de revues gratuites, «Science» a tenté de les piéger en soumettant à 304 d’entre elles des articles pleins d’erreurs. Elles sont plus de la moitié à avoir accepté.
publié le 4 octobre 2013 à 20h46

Il n'y a pas d'Institut Wassee de médecine à Asmara, capitale de l'Erythrée. Un certain Ocorrafoo Cobange, chercheur en pharmacie, ne peut donc pas y conduire des recherches. Surtout qu'il n'existe pas lui non plus. Pourtant, son article sur les propriétés anticancéreuses d'une molécule extraite d'un lichen a été accepté par le Journal of Natural Pharmaceuticals, une revue scientifique en open access (d'accès gratuit à la lecture sur Internet). Et où l'auteur paye pour être publié. Plus grave, 157 revues scientifiques de ce type, sur 304 sollicitées, ont accepté des articles similaires, lardés de chiffons rouges, avec des contradictions entre graphiques et chiffres, erreurs de méthodes flagrantes, et signés par de faux noms de chercheurs et de laboratoires.

Cette histoire abracadabrante était racontée hier par John Bohannon, dans la revue Science, éditée par l'American Association for the Advancement of Science et l'une des plus respectées dans les laboratoires. Elle sert de tremplin à un article sur les dérives des revues en open access qui va faire l'effet d'une bombe parmi les chercheurs.

Confiance. L'auteur y relate cette curieuse expérience - envoyer un faux article à plus de 350 journaux scientifiques en open access pour tester le sérieux de «la revue par les pairs», puisque l'article est censé être soumis pour avis à des spécialistes avant publication. Or, ils sont massivement tombés dans le piège