Le Nobel 2013 pour le boson de Higgs ? C’était à parier, depuis l’annonce de sa détection en juillet 2012 au Cern, le laboratoire européen de physique des particules, installé près de Genève. Comme pour celui qui, en 1984, avait récompensé Carlo Rubbia et Simon Van Der Meer pour la découverte des bosons W l’année précédente… au Cern déjà. Le jury du Nobel a donc réitéré, récompensant cette découverte majeure de la physique dès l’année suivante. Tout le problème étant : à qui donner les trois prix Nobel possibles ?
La réponse du jury tient en deux noms, François Englert et Peter W. Higgs. En 1964, le premier (avec Robert Brout, décédé en 2011) et le second, indépendamment, ont fait la proposition théorique d'un boson - une particule porteuse de force, ou d'interaction par opposition aux particules de matière - dont le vrai nom aurait donc dû être BEH (Brout, Englert, Higgs). Ce boson résolvait un problème sévère du modèle standard de la physique des particules alors en gestation. Ce modèle semblait prometteur, à un détail près : les particules de matières n'y avaient pas de masse. Impossible, bien sûr. La solution ? Inventer un champ, avec lequel interagiraient les particules de matière par l'intermédiaire d'un boson, afin d'acquérir leur masse. A l'époque, souligne le physicien Etienne Klein, l'article de Brout et Englert fait «une page et demie, comme celui de Higgs. Mais pour montrer que la particule qu'ils prédisent existe, il va falloir attendre un demi-siècle et cons