L'appel lancé par deux anciens Premiers ministres (1) et deux ministres de François Mitterrand (2) en faveur du débat scientifique qu'ils considèrent comme «confisqué et interdit» ne peut être que soutenu, mais pour des raisons radicalement inverses à celles qu'ils avancent.
Oui, nous avons besoin de débats scientifiques contradictoires, ce qui signifie que les experts qui travaillent pour des entreprises et qui ont un intérêt au développement d’une technologie ou d’un produit doivent le dire et arrêter de se dissimuler derrière le visage d’une expertise «indépendante» alors qu’elle ne l’est pas. Oui, nous avons besoin d’une presse ouverte aux différentes opinions, qui ne valorise pas systématiquement la ligne de ceux qui défendent la technologie, n’hésitant pas à passer sous silence des études, souvent étrangères, qui parviennent à des conclusions contraires. Oui, nous avons besoin de sociologues et d’économistes capables aussi de venir présenter des points de vue contradictoires sur les plus-values économiques et sociales liées aux nouvelles technologies. Oui, nous avons besoin de jeunes scientifiques et chercheurs, mais il faut aussi entendre leur souhait d’avoir une activité contribuant à l’intérêt général et non uniquement à un intérêt marchand. Oui, la liberté d’expression pour les scientifiques comme pour les autres doit être totale, à la condition que les conflits d’intérêts soient explicités dans les débats et exclus lorsqu’il s’agit d’organismes publics. Ou