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Libération
reportage

Un double robotique pour une seconde vie

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Roboticiens, psychologues et neurologues tentent de dissoudre la frontière entre corps humains et machine.
(Dessin Amélie Fontaine)
publié le 14 novembre 2013 à 18h06

Imaginez que vous puissiez participer à un trekking au Népal, passer voir un ami à New York ou admirer le mont Fuji, tout cela sans jamais bouger de chez vous. Plus fort encore, alors même que vous êtes incapable de bouger un seul de vos membres. Pure science-fiction, à l'image du célèbre film Avatar de James Cameron où un militaire immobilisé dans un fauteuil roulant mène la rébellion sur la planète Pandora à l'aide d'un corps hybride ? Pas si sûr. Car, grâce aux avancées scientifiques d'une poignée de laboratoires à travers le monde, le rêve d'un double robotique, conçu comme une seconde enveloppe corporelle et piloté par la pensée, est en passe de devenir réalité.

Yeux-caméra. Dans les locaux du Joint Robotics Laboratory (JRL) à Tsukuba, près de Tokyo, ce double prend la forme d'un HRP-2, un robot humanoïde d'1,50 m pour 60 kg. Un doctorant enfile un casque doté d'une dizaine d'électrodes localisées au niveau de la nuque, c'est-à-dire du cortex visuel, et s'installe devant un écran, où s'affiche ce que «voit» le robot, autrement dit ce que filment ses yeux-caméra. Sans bouger le moindre petit doigt, il parvient à faire exécuter par le robot une série d'opérations : attraper une boisson, se diriger vers une table, la poser à un endroit précis. «C'est la première fois qu'un robot humanoïde réussit à effectuer plusieurs tâches différentes par le biais d'une interface cerveau-machine», souligne Abderrahmane Kheddar, le di