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Libération

La fin de la conquête spatiale

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publié le 15 novembre 2013 à 18h06

La conquête de l'espace n'aura pas lieu. C'est ce que raconte Gravity, histoire d'une expédition spatiale catastrophique et d'un retour épique sur Terre. Le film reprend les grands motifs de l'aventure cosmique, mais les renverse : à la place d'une rencontre de troisième type, la solitude absolue ; plutôt que la conquête de nouvelles terres, le retour forcé vers la seule Terre que nous ayons ; loin des rêves euphoriques de vol en apesanteur, l'horreur du corps humain perdu dans le vide infini. Le film dépeuple brutalement l'espace cosmique, lieu par excellence de notre imaginaire. Quand tous les scénarios de science-fiction et d'odyssée spatiale étaient dirigés vers l'inconnu, la conquête, l'ailleurs, le scénario minimal de Gravity ne dit qu'une seule chose : il faut revenir sur Terre ou mourir.

Toute l’histoire du voyage intersidéral s’est construite sur le rêve d’autres mondes à conquérir et à habiter.

Phase 1 : un voyage maritime tourne mal, la tempête emporte le bateau dans les airs et les marins finissent pas accoster sur la Lune. C'est le premier voyage céleste, au IIe siècle de notre ère, raconté par Lucien dans Histoire véritable. On y trouve des planètes habitées et des voyageurs capables de traverser les cieux comme l'océan. Mais c'est pour rire.

Phase 2 : la Lune est le lieu où vont se perdre les vœux, les réputations et les rêves. Dans le Roland Furieux de l'Arioste, c'est là qu'il faut voler (en cheval ailé) pour récup