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Libération

L’intestin, notre muraille de Chine

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A Toulouse, les chercheurs en toxicologie alimentaire de l’Inra étudient les effets sur la barrière intestinale des nanoparticules, perturbateurs endocriniens ou pesticides incorporés dans notre alimentation, et les liens avec des pathologies chroniques.
Maquette géante d'intestin installée sur une place de Lyon, en 2010. (Photo Jean-Philippe Ksialek. AFP)
publié le 9 janvier 2014 à 18h36
(mis à jour le 12 janvier 2014 à 12h14)

Avec les agapes de fin d'année, il s'est peut-être rappelé à vous, entachant encore sa désastreuse réputation. L'intestin fait partie de ces organes peu nobles, «tripes» cantonnées, imagine-t-on, aux basses besognes. Mais à Toulouse, dans le laboratoire de toxicologie alimentaire (Toxalim) de l'Inra, il est au contraire l'objet de toutes les attentions. Une star scrutée avec une insatiable curiosité, et délivrant peu à peu les secrets de son fonctionnement, de ses liens avec le cerveau et avec notre santé. «L'intestin a le même nombre de neurones que le cerveau. Il est le seul organe à avoir son propre système nerveux et il regroupe 80% des cellules immunitaires de l'organisme», souligne, admiratif, Jean Fioramonti. Ce physiologiste passionné, pionnier de la neurogastroentérologie, vient d'être honoré d'un laurier d'excellence par l'Inra : il a passé quarante ans de sa vie à fouiller les plis et replis de cet organe. Il a toujours les yeux qui brillent lorsqu'il évoque cette «machine infernale qui, en une vie, est capable de digérer une centaine de tonnes d'aliments». Une surface gigantesque - dépliée, elle occuperait la même surface qu'un court de tennis soit 200 m2 ! - reliée à une activité neuronale importante.

Un organe en première ligne

«La durée de vie des cellules du tube digestif, c'est quatre jours. Tous les quatre jours vous avez un intestin neuf !», s'enthousiasme Jean Fioramonti. A ses côtés, avec la même conviction, son collègue Eric Houdeau, responsabl