Driiing ! Réveille-toi, c’est l’heure. Banal ? Pas lorsque le réveille-matin sonne à 807 millions de kilomètres de la Terre, dans un froid glacial et le vide interplanétaire. Là où se trouve la sonde Rosetta, lancée par Ariane en 2004, après déjà 7 milliards de kilomètres parcourus pour son voyage vers la comète Churyumov-Gerasimenko. Le sommeil dont elle doit se réveiller est profond : une hibernation de trente et un mois. L’opération doit se dérouler ce matin à 11 heures, heure de Paris. Mais ce n’est que vers 17 h 45 que Rosetta enverra vers la Terre un signal montrant qu’elle s’est bien réveillée. Quarante-cinq minutes après, le temps que son message avale les kilomètres à la vitesse de la lumière, il parviendra aux «grandes oreilles» de la Nasa et de l’Agence spatiale européenne (ESA). Puis sera réceptionné au centre d’opérations allemand de Darmstadt.
Panneaux solaires. Les astronavigateurs de l'ESA pourront alors se détendre, comme les astrophysiciens européens, dont nombre de Français à Orsay, Paris, Toulouse ou Grenoble, engagés dans cette mission spectaculaire, complexe et risquée. Car nul ne sait si Rosetta vit encore, puisque toute communication avec la Terre est stoppée depuis deux ans et demi. A bord, seuls le calculateur et un chauffage minimal des réservoirs d'ergols fonctionnent. Une conséquence du dogme antinucléaire de l'ESA qui s'interdit d'embarquer des générateurs au plutonium, comme pour les missions lointaines de l