Janvier 2014 a vu l’entrée en fonction du mathématicien Jean-Pierre Bourguignon en tant que nouveau président de l’ERC (Conseil européen de la recherche). Belle occasion pour se demander si la politique européenne de la recherche prend le bon chemin.
Pieds d'argile. Posons le décor. L'Union européenne est aujourd'hui le premier producteur de science mondial, une position qu'elle tient en outre pour l'essentiel avec ses propres ressortissants, alors que le colosse américain aux pieds d'argile dépend d'un brain drain permanent. Le Japon stagne. La Chine devient un géant de la science, deuxième producteur d'articles derrière les Etats-Unis. Sous-continent vieillissant à la population stable, l'UE va-t-elle maintenir cette position, dans un monde où la course à la science et à la technologie s'accélère, avec des acteurs plus nombreux ?
Paradoxe central : les instruments de l’Union européenne ont peu joué dans l’acquisition de cette pôle-position. Les Etats-membres, surtout les plus importants, ont toujours rechigné à transférer leur souveraineté dans ce domaine. Le financement et l’organisation de la recherche en Europe ont donc suivi deux voies : les Etats et la coopération intergouvernementale à la carte. Les Etats forment et payent les chercheurs. La coopération se fait hors financement communautaire pour l’espace, les grands équipements : astronomie, physique des particules, synchrotrons, grands calculateurs, etc.
Reste à l’Union u