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Libération

Allo la Terre, ici Kepler

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publié le 2 mai 2014 à 18h07

Il y a quelques mois, j'annonçais dans ces pages la fin de la conquête spatiale. J'avais tort. A la moindre exoplanète découverte, la machine à fantasmer une colonisation cosmique repart. Bienvenue sur Kepler-186 f : ses forêts vierges, ses ressources intactes. Mais avant de nous embarquer, je tiens à signaler un abus : on se réclame de Kepler, on lui emprunte son nom pour baptiser un télescope spatial, un catalogue d'étoiles, un vaisseau d'exploration, une nouvelle planète. Mais qui prend la peine d'écouter ce qu'il a à nous dire ? Qui lit encore Kepler ? Personne. Sauf les lecteurs de Libé.

Les textes du grand astronome sont pourtant bourrés d'enseignements pour la Nasa. Sur le choix des astronomes (1) : «Nous refusons de prendre pour compagnons des hommes inactifs, corpulents ou délicats, nous choisissons au contraire ceux qui passent leur vie à cheval, ou qui se rendent souvent aux Indes par mer et sont habitués à se nourrir de biscuits, d'ail, de poissons séchés et d'aliments peu appétissants. Les vieilles femmes desséchées nous conviennent particulièrement bien, quand elles ont, depuis leur enfance, l'habitude de chevaucher la nuit des boucs, des fourches et de parcourir ainsi d'immenses étendues de terrain.» Sur l'art du décollage : «Le choc initial est très pénible. Le voyageur souffre comme s'il était un projectile lancé par un canon et voyageait au-dessus des mers et des montagnes. Il faut donc l'endormir dès le départ à l'aide de narcotiques e