Paradoxe : l’Europe est le premier des géants de la science mondiale, mais aucun chef d’Etat ou de gouvernement ne s’en vante. Logique dans la mesure où il n’y a pas vraiment un Etat ou un gouvernement européens. Mais pourtant bizarre puisqu’aucun des chefs d’Etat ou de gouvernement des pays membres de l’Union européenne, dont les citoyens élisent la semaine prochaine le Parlement, ne s’en vante à l’occasion de ce scrutin.
Précisons le vocabulaire : mise ensemble, la production scientifique des pays membres de l'UE tient le haut du tableau, avec près de 35% du total, tout en ne consacrant qu'environ 2% de son PIB à la recherche et développement (R&D). Avec plus d'1,5 million de chercheurs (équivalent temps plein), l'Europe dépasse les Etats-Unis. Hégémoniques dans les années 50, ces derniers ne produisaient plus, en 2012, que 28% des publications scientifiques mondiales. La Chine pointant désormais au second rang des Etats, avec 14% des publications (1), une part en hausse rapide .
Cette domination quantitative en recherche académique peut s’illustrer d’exemples prestigieux. Où a été découvert le désormais célèbre boson de Higgs ? Au Cern, le centre mondial de la physique des particules, installé sous la frontière franco-suisse. Quel est l’ensemble de télescopes le plus performant ? Celui de l’Observatoire européen austral, installé au Chili, dans les Andes. La vision décliniste de l’Europe, si forte en France, brouille le paysage mondial réel de la science et