Guidé par le géologue Abderrazak El Albani, montez au dernier étage, puis dirigez-vous au fond à gauche et pénétrez dans la salle 423 du bâtiment des sciences naturelles de l'université poitevine. Vous y êtes. D'un seul regard, balayez les meubles disparates, modestes, usés, en bois ou métal. Respirez un bon coup et plongez. Plongez dans le temps. Loin. «Vraiment très loin, prévient le jeune maître de conférence. Un peu plus de 2 milliards d'années.» Près de la moitié de l'existence de la planète Terre, formée il y a 4,5 milliards d'années.
El Albani se meut dans sa caverne d’Ali Baba, au laboratoire hydrogéologie, argiles, sols et altérations (Hydrasa) de l’université de Poitiers et du CNRS. Sur la grande table, sur les étagères et dans les tiroirs repose un trésor fascinant. Un écosystème fossile, le plus ancien et le plus inattendu pour les spécialistes. Avec des êtres microscopiques, mais surtout macroscopiques - jusqu’à 17 cm - qui vivaient en eau peu profonde dans une région aujourd’hui située au Gabon, près de Franceville. Dans un coin, des valises avec lesquelles son équipe a convoyé les fossiles par avion depuis l’Afrique, au prix de quelques tours de reins.
Vertige du temps, plaisir des sens
Ce trésor de plus de 400 pièces vient de faire l'objet d'un article dans Plos One (1) - une revue scientifique de qualité en accès libre -, signé des 27 coauteurs d'El Albani, une équipe internationale où l'on relève des pointures mondiales comme le paléontologue suédois Stefan Bengtson, ou l'Amé