C’est un peu Martine joue du violoncelle, Martine fait des maths, Martine entre à l’Académie des sciences, Martine a un mari et six enfants… Bon, Martine s’appelle Laure, elle a troqué les jupes plissées pour une jupe en jean, les chemisiers à col claudine pour un tee-shirt et la queue-de-cheval pour une coupe pratique.
Laure Saint-Raymond a 38 ans et vient d’entrer sous la Coupole, quai Conti, où des messieurs d’âge respectable, et quelques dames, tous vêtus d’un habit vert, se retrouvent pour défendre le français, les Beaux-Arts ou la raison. Cette fille de deux mathématiciens paraît avoir entre 18 et 28 ans. On la verrait bien scrutant les résultats du concours d’entrée à Normale sup, sauf qu’elle y est prof, qu’elle en a été la directrice des études en maths, qu’elle s’apprête à partir une année à Boston, invitée par Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et qu’on a évoqué son nom pour la médaille Fields.
Dans son bureau, il y a bien un sévère tableau noir, des craies blanches et, sur son bureau, de méchantes feuilles de papier remplies d’intégrales et d’équations aux multiples inconnues, mais sur l’écran de l’ordinateur s’affichent en boucle les photos d’une famille très nombreuse (cinq garçons et une fille, intercalée en troisième position) à la montagne, été comme hiver, un peu comme si Martine était devenue maman.
Evacuons tout de suite la question : six enfants et catho, comme le montre un témoignage diffusé su