Question simple : pourquoi l’école française de mathématiques est-elle si forte ? Par quel miracle rivalise-t-elle avec les Etats-Unis quand il s’agit de décompter les médailles Fields ? Cinquante-six médailles Fields ont été décernées à ce jour. La France peut en revendiquer treize avec celle remise, à Séoul, à Artur Avalo, né au Brésil et qui a récemment pris la nationalité française. Soit autant que les Etats-Unis, qui trustent les prix Nobel de chimie, de physique ou de médecine.
Posez la question à tous les mathématiciens que vous voudrez, aucun ne vous donnera une réponse vérifiable et quantifiable. Le premier élément tient probablement à l'âge du médaillé. Il doit avoir 40 ans ou moins. Dans toute autre science, on récompenserait un jeune chercheur, en mathématiques, c'est sans doute l'âge de la plénitude. Mais, pour avoir réalisé «un travail remarquable» à 40 ans, il est nécessaire d'avoir été repéré tôt et d'avoir été mis dans les meilleures conditions dès la sortie de l'adolescence.
URSS. Et en matière de précocité et de repérage des bons élèves prometteurs, la France se place loin devant les Etats-Unis. Les filières d'excellence fonctionnent dès la seconde ou la première pour les amener à Polytechnique ou à l'Ecole normale supérieure aux alentours de 20 ans. Seule la Russie porte sans doute une attention aussi soutenue à la sélection des lycéens. Mais le système mis en place sous l'URSS a souffert du démantèlement de l'