Depuis le projet Manhattan et le bombardement nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki, la «big science» éclaire d’une lumière crue l’évolution géopolitique du monde. Cet été vient de le confirmer. L’échec cuisant de la mise en orbite de deux satellites de la constellation Galileo, le système de positionnement et de navigation européen censé concurrencer le GPS du Pentagone, souligne avec cruauté l’impasse dans laquelle la vieille Europe s’est elle-même enfoncée. Au-delà du couac technique de la fusée Soyouz-Fregat, lancée depuis l’astroport de Kourou en Guyane française, c’est bien l’incapacité des pays européens à s’organiser pour financer rapidement et sur fonds publics ce système qui est en cause.
Promesses. Ses promoteurs, industriels et gouvernements, vantaient les avantages stratégiques mais aussi et surtout les promesses économiques, annonçant des centaines de milliers d'emplois découlant de l'usage massif de Galileo. Mais les gouvernements européens ont déployé un talent indiscutable pour saborder le travail des ingénieurs en plombant le programme par des années de retards et d'indécisions quant à son financement sur fonds publics, depuis son lancement, en 2002. A l'époque, sa mise en service était annoncée pour 2008 !
Résultat ? Les Etats-Unis dominent avec leur GPS. Les Russes ont un système certes moins précis mais opérationnel (Glonass). Et surtout la Chine, pourtant la dernière arrivée, met en place son système Beidou plus rapidemen